Du 26 au 28 mai 2020, le Comité d’Experts sur la réduction des risques de santé publique liés à la falsification de produits médicaux et aux infractions similaires (CD-P-PH/CMED) s’est réuni par visioconférence, pour sa session de printemps annuelle à laquelle ont assisté 35 délégués de 24 pays. Un partage d’expérience et d’informations relatives à la crise de la COVID-19 s’y est tenu, au cours d’une discussion spécialement organisée à cette fin.
Les interventions des délégués ont confirmé que les criminels ne manquent jamais une occasion d’exploiter une crise. En effet, la plupart des pays ont dû déjouer des tentatives visant à tirer profit des pénuries de médicaments et de dispositifs médicaux. Nombreux sont ceux qui se sont organisés pour faire face à ces problèmes, notamment en faisant appel à la coopération régionale ou en s’appuyant sur les réglementations relatives à l’exportation.
Des cas de falsification d’équipements de protection et des ventes en ligne de différents remèdes et de supposées méthodes de prévention de l’infection virale ont été signalés. L’un d’entre eux concernait l’utilisation abusive d’une application de traçage COVID-19, utilisée par de faux traceurs de contacts pour essayer d’obtenir des informations à caractère personnel par téléphone.
Tous les délégués ont observé une augmentation des activités illégales directement ou indirectement liées à la pandémie. Elles concernaient principalement les dispositifs médicaux (moins les médicaments), ce qui s’explique par le fait que le besoin d’équipements de protection individuelle et de dispositifs médicaux évolue moins à court terme et s’avère donc plus facile à exploiter, alors que les médicaments utiles contre la COVID sont en constante évolution et que leur choix dépend des développements ou des essais cliniques en cours.
Les autorités n’ont pas constaté de hausse significative des falsifications. Les problèmes étaient principalement liés à des produits de mauvaise qualité ou illégaux/non autorisés. Ces non-conformités étaient parfois accidentelles, lorsque les commerçants ou producteurs ignoraient les normes et réglementations applicables, ou s’inscrivaient dans une stratégie délibérée visant à tirer profit de la crise. La publicité des produits était souvent basée sur de fausses allégations et des certificats falsifiés étaient produits pour les contrôles douaniers. Les délégués ont, par exemple, cité la distribution de masques médicaux falsifiés ou de mauvaise qualité et le trafic de kits de détection de la COVID-19 ou de générateurs d’ozone. Toutes ces affaires exposent la population à des risques.
Même si aucun crime directement lié à la COVID-19 n’a été détecté, la crise semble avoir entraîné une augmentation générale des crimes pharmaceutiques. Il a, par ailleurs, été remarqué que lorsque des produits de mauvaise qualité sont rejetés dans un pays, ils réapparaissent ultérieurement sur d’autres marchés européens. La plupart des trafics se déroulent en ligne, sur des sites internet, sur les réseaux sociaux ou par e-mail.
Certains pays ont signalé des problèmes concernant des médicaments traditionnels chinois, non autorisés en Europe, dont étaient vantés les supposés effets curatifs ou préventifs contre la COVID-19.
Malgré tout cela, la pandémie a également eu quelques conséquences positives. En effet, les médias se sont souvent fait l’écho des recommandations des autorités de santé, ce qui a contribué à alerter le grand public des dangers des achats en ligne auprès de sources inconnues ou suspectes. En outre, le crime pharmaceutique en général a été davantage mis en lumière et, plus particulièrement, le risque de falsification des dispositifs médicaux. La crise a également renforcé la coopération entre autorités de santé et douanières, dans la plupart des pays.
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