Dès le départ, l’EDQM a considéré que le meilleur moyen de rapprocher les deux approches existantes et de permettre la poursuite des évaluations BPF malgré les restrictions de voyage était d’établir une connexion vidéo en direct et en temps réel entre les inspecteurs et les installations à inspecter. La mise en place d’une telle connexion implique de sérieux obstacles techniques, particulièrement difficile à surmonter. Cependant, au vu des avantages potentiels et des restrictions en matière de déplacement, l’EDQM a décidé de lancer une phase pilote. En septembre 2020, à la recherche de volontaires, l’EDQM a donc sollicité des sites de fabrication ayant déjà fait l’objet d’une inspection de sa part et présentant un bon dossier de conformité aux BPF.
Les inspections à distance en temps réel nécessitent une préparation plus approfondie que les inspections sur site. Ainsi, des téléconférences préparatoires ont dû être organisées avec les entreprises volontaires, suivies d’un test de connectivité (ou « essai à blanc ») pour s’assurer que toutes les zones à inspecter étaient équipées des réseaux nécessaires. Selon les circonstances, les entreprises participantes ont mis en place des réseaux Wi-Fi, des réseaux mobiles ou des réseaux hybrides intégrant des éléments de ces deux technologies, en tenant compte des solutions techniques disponibles à chaque emplacement spécifique. Il a été constaté qu’un débit de transmission des données supérieur à 100 kB/s était suffisant pour obtenir une transmission vidéo stable. C’était généralement le cas lors de l’utilisation de réseaux LAN/WLAN à large bande dans les salles de réunion, mais cela posait parfois problème lors de l’utilisation de réseaux sans fil ou de réseaux mobiles dans les zones de production.
Pour communiquer, partager des séquences vidéo en direct et examiner des documents, l’EDQM a utilisé des applications sécurisées de conférence web, jugées préférables car présentant le moins de problèmes de sécurité. Une application de conférence web primaire et une application secondaire ont été séléctionnées pour les inspections, tant pour des raisons liées à une stratégie de redondance que pour permettre aux inspecteurs de travailler en parallèle. Les deux outils de conférence web pouvaient être installés sur des appareils mobiles équipés de webcams, qui serviraient ensuite pendant l’inspection.
Le partage sécurisé et en temps réel de documents confidentiels a également nécessité une réflexion approfondie. L’EDQM a opté pour un outil de partage de documents sécurisé, situé matériellement dans ses locaux et offrant un espace de stockage sécurisé pour les documents et autres fichiers. Les entreprises participantes ont eu accès à cet outil pour téléverser les documents demandés avant et pendant l’inspection.
Une autre question technique importante concernait le type d’appareils pouvant être utilisés pour capturer en direct des images dans des zones de fabrication potentiellement dangereuses. Après enquête, il s’est avéré que des téléphones mobiles dits « à sécurité intrinsèque » (évitant de provoquer l’inflammation de mélanges atmosphériques dangereux) étaient déjà utilisés dans des atmosphères explosives, comme dans les raffineries. Lors des inspections réalisées dans le cadre de la phase pilote, les entreprises ont utilisé divers appareils adaptés à leurs besoins, tels que des téléphones mobiles, des tablettes et des visiocasques, tous équipés de systèmes d’exploitation permettant l’installation d’applications de conférence web.
La plupart des fabricants titulaires de CEP sont situés en Asie. Pour réduire au minimum l’impact du décalage horaire lors des inspections à distance, des entreprises indiennes ont été sélectionnées pour la phase pilote. Les deux parties ont dû faire un effort lors des réunions à distance se déroulant à travers plusieurs fuseaux horaires afin d’utiliser au mieux le créneau convenu pour l’inspection. Les entreprises inspectées ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit et un rythme d’inspection de six à sept heures par jour sur plusieurs jours a été établi. Les inspecteurs participants ont toutefois estimé à l’unanimité qu’il était plus facile de gérer un ou deux jours de décalage horaire que de se lever très tôt pendant toute une semaine. Par ailleurs, chaque fois que possible, l’équipe d’inspection a travaillé en sessions parallèles pour atteindre les objectifs de l’inspection et gagner du temps.
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