Nouvelle politique relative aux essais de dissolution et de désagrégation dans les monographies de la Ph. Eur.
Depuis quelques années la Pharmacopée Européenne (Ph. Eur.) élabore des monographies sur des médicaments contenant des substances actives chimiquement définies. Il s’agit de monographies applicables à des formes pharmaceutiques solides à libération immédiate (comprimés, gélules).
Un essai de dissolution ou de désagrégation, obligatoire, est inclus dans ces monographies mais dans les cas justifiés et autorisés, une autre procédure et/ou, le cas échéant, des critères d’acceptation différents, peuvent être proposés par les fabricants dans le cadre d’une demande d’autorisation de mise sur le marché.
Ceci est signalé dans les monographies par la phrase :
« Sauf exception justifiée et autorisée, les comprimés satisfont à l'essai et au(x) critère(s) d'acceptation décrits ci-dessous. »
Dans la mesure où le résultat de l’essai de dissolution peut être influencé par la formulation ou à le procédé de fabrication, la Commission européenne de Pharmacopée a été amenée à engager une réflexion de fond sur l’attente des utilisateurs en terme d’essai de dissolution dans les monographies.
A cette occasion, une enquête auprès, notamment, des utilisateurs dans l’industrie pharmaceutique ainsi que des autorités d’enregistrement, des pharmacopées nationales et des OMCL a été lancée en janvier 2019.
Trois options étaient alors proposées :
- Conserver un essai de dissolution obligatoire dans les monographies,
- Inclure un essai de dissolution à titre d’exemple dans les monographies,
- Ne pas inclure d’essai de dissolution, les monographies de forme pharmaceutique Comprimés (0478) ou Capsules (0016) contenant l’obligation d’effectuer un tel essai, outre les prescriptions du guideline ICH Q6A.
En tenant compte des résultats de cette enquête ainsi que de l’expérience d’autres pharmacopées élaborant ce genre de monographies, un compromis a été trouvé et adopté lors de la 168e session de la Commission européenne de Pharmacopée (Novembre 2020).
Cette dernière a décidé qu’un essai de dissolution ou de désagrégation figurera dans chaque monographie de médicaments portant sur une forme pharmaceutique solide à libération immédiate.
Les détails sur la portée d’un tel essai et les conditions dans lesquelles il peut être utilisé dans une demande d’AMM figureront dans les Prescriptions Générales (chapitre 1 de la Ph. Eur.), dont un extrait figure ci-après :
« Conformément aux lignes directrices appliquées au niveau national ou régional (telles que le guideline ICH Q6A), et à la monographie de la Ph. Eur. couvrant la forme pharmaceutique considérée, les demandeurs d’AMM sont tenus de proposer un essai de dissolution approprié, spécifique du produit concerné, permettant de vérifier la reproductibilité d’un lot à l’autre lors des contrôles qualité effectués en routine. Cet essai doit être décrit dans la demande d’AMM soumise à l'autorité compétente, à moins qu'il existe des données justifiant le remplacement de l’essai de dissolution par un essai de désagrégation. Le demandeur doit démontrer, de manière à satisfaire l'autorité compétente, que l’essai de dissolution est approprié.
Dans les cas appropriés, un essai de dissolution peut être décrit dans les monographies spécifiques portant sur des médicaments. Le demandeur peut alors soit choisir l’essai de dissolution de la monographie soit développer un essai en interne comme essai de dissolution spécifique du produit. Dans l’un et l’autre cas, il est tenu de démontrer, de manière à satisfaire l'autorité compétente, que l’essai choisi est approprié.
Si le demandeur propose un essai de dissolution interne, il n’est normalement pas tenu, dans la demande d’AMM, de justifier le fait de n’avoir pas choisi l’essai de dissolution de la monographie ni de démontrer la conformité à cet essai.
Néanmoins, le médicament doit satisfaire à l’essai de dissolution de la monographie quand il lui est appliqué, sauf exception justifiée par le demandeur.
Lorsqu’un médicament donné ne satisfait pas à l’essai de dissolution de la monographie et que ce médicament est par ailleurs approuvable par une autorité compétente, l’autorité compétente doit porter cette situation à la connaissance de la Commission européenne de Pharmacopée ; cette dernière pourra ainsi évaluer et, s’il y a lieu, réviser la monographie. »
Par conséquent les monographies suivantes ont été également révisées afin de supprimer la phrase en italique mentionnée ci-dessus et ajouter une note de bas de page renvoyant aux Prescriptions Générales :
- Défériprone (comprimés de) (2986)
- Dronédarone (comprimés de) (3038)
- Lacosamide (comprimés de) (2989)
- Raltégravir (comprimés à croquer de) (2939)
- Raltégravir (comprimés de) (2938)
- Régorafenib (comprimés de (3023)
- Riociguat (comprimés de) (3079)
- Rivaroxaban (comprimés de) (3021)
- Rosuvastatine (comprimés de) (3008)
- Sitagliptine (comprimés de) (2927)
- Sorafenib (comprimés de) (3022)
- Ticagrélor (comprimés de) (3097)
Ces monographies ainsi que les Prescriptions Générales révisées seront publiées dans le Supplément 10.6.
Voir également :